Danser avec ce vide invisible qui délimite les corps en creux. Avec la peau de l’espace. Apprivoiser le miroir, le même, le réciproque. Yasmine Hugonnet poursuit sa très subtile intensification du moindre, cette fois-ci avec sept interprètes. S’y cherchent des moyens de faire société.
A la suite du travail amorcé dans son solo Le Récital des postures puis dans La ronde, Yasmine Hugonnet lance une nouvelle exploration de l’ultra-sensible : elle s’intéresse ici au vide qui délimite les corps en creux, et qu’elle appelle la peau de l’espace. Seven Winters – sept hivers, pour sept corps sur scène – examine les enjeux de la réciprocité, du miroir, du même. Comme la troupe se compte en nombre impair, il en va toujours d’un certain déséquilibre, travaillé ici comme la source du mouvement. Les hivers qui reviennent et se répètent sans être jamais identiques donnent à la chorégraphe vaudoise l’occasion d’interroger la différence dans la répétition ou le redoublement. Le groupe fait écosystème, en mouvement fluide et permanent. C’est un travail d’une précision extrême. C’est une attention moléculaire aux micromouvements. Deux dimensions se tressent dans cette pièce, qui a pris le temps de se promener dans les peintures de Hodler : l’édification de liens entre sept corps et la fabrication d’une fresque humaine. « J’envisage cette création comme un paysage dont on ressentirait les modulations de températures », dit la chorégraphe.