Fall/ Paron/ Fearful Symmetries

Cherkaoui, Foniadakis, Mandafounis : à part les voyelles qui résonnent d’exotisme que cachent donc ces trois noms ? et puis surtout que par-tagent-ils ? On ne présente plus ces trois chorégraphes qui arpentent les scènes du monde entier, leur écriture forte et polyphonique, leur maîtrise de la forme et des corps. Ici ils s’attaquent tous trois à l’aune du réel, cha-cun questionne à sa manière la trace : la différence entre l’avant et l’après, le passage d’un état à un autre. De celui qui tombe à celui qui est tombé, que reste-t-il ? Comment s’écrit cette différence ? et s’écrit-elle en négatif ou en positif ? est-ce une trace creusée, marquée comme celle du couteau dans le bois, de la cicatrice sur la chair ou plutôt une trace ajoutée comme ces mots sur le papier qui sinon se seraient déjà envolés ? De la complexité de « Fearful Symmetries » de John Adams à la simplicité apparente de l’Estonien Arvo Pärt en passant par le minimalisme du premier concerto pour violon de Philip Glass, nous voici emmenés, enlevés vers les pro-fondeurs et la verticalité des structures de l’écriture. De l’écriture comme trace et ligne, et d’abord vers une recherche du niveau zéro de l’écriture chorégraphique inscrite dans la trame de notre expérience. Car sans cette volonté de tabula rasa, comment reconstruire les corps et l’utopie, l’espoir du renouveau et son expression artistique ? Qui ne voudrait pas laisser de traces et disparaître comme il est venu, sans empreinte, sans un regard qui plane encore sur les siècles ?