Mêlant chant, danse et furia corporelle proche de la performance, Mailles est le fruit des rencontres mêlées d’admiration de Dorothée Munyaneza avec cinq femmes noires, africaines ou afro-descendantes, toutes engagées dans des pratiques créatrices différentes, allant de la chorégraphie à la peinture en passant par la poésie ou le body art. C’est aussi, Babel oblige, un spectacle polyglotte surtitré en français.
Les artistes composant cette fresque viennent d’horizons divers mais représentent néanmoins, malgré les océans et les fuseaux horaires qui les séparent, une communauté de révolte, de questionnement et de résilience. Elles disent, crient, dansent l’exil géographique et intime, le poids des héritages ancestraux, l’horreur de certaines convulsions géopolitiques – et surtout le lien puissant qui les unit en une sororité communauté où empathie et affinités électives s’exposent enfin au grand jour de la scène dans la plus légitime des impudeurs.
Au fond, la langue a une sagesse immanente. Ne dit-on pas qu’on tisse ou qu’on noue des relations ? Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, au fil des rencontres ou des séparations. Nous sommes la tapisserie de Pénélope, une œuvre en progrès dont les brins sont faits de vies qui s’entrecroisent et de mémoires qui se nourrissent mutuellement.
Rencontre avec Dorothée Munyaneza à l’issue de la représentation