Une pièce électrochoc, fougueuse et nécessaire.

Figure majeure de la danse contemporaine, le Brésilien Bruno Beltrão développe depuis le début des années 2000 un langage chorégraphique époustouflant et virtuose en s’attachant à déconstruire les codes des danses urbaines, en particulier le hip-hop. Inoah, résolument ancrée dans le monde d’aujourd’hui, tire son impulsion première d’une phrase extraite d’un livre des sociologues français Marie Poinsot et Serge Weber : « Le migrant est pionnier d’un monde ouvert ». À partir de la figure du migrant, ce damné de notre temps, Bruno Beltrão signe une chorégraphie époustouflante. Dix jeunes hommes, occupent la scène, se déplacent en solo, en duo, en trio sans jamais vraiment faire groupe, chacun éprouvant sans cesse sa relation aux autres, de la communauté éphémère à la solitude foncière. Sculptée par la lumière de Renato Machado et scandée par la musique de Felipe Storino, une constellation sous haute tension se déploie sans temps mort durant une petite heure et remue le spectateur en profondeur.