Au centre de la scène, un cône de lumière cerné de noir. Au centre de ce cône, un défilé d’hommes et de femmes qui apparaissent et disparaissent, qui se rencontrent le temps d’un instant. Peut-être qu’ils se touchent ou se regardent, mais peut-être pas. Peut-être qu’il et elle se croisent rapidement, comme deux passants stressés. Mais peut-être qu’au contraire, elle et il se rencontrent lentement. Prennent le temps. Savourent le moment. Avant de retourner, comme les autres, dans l’indicible noir.
Comme toujours dans ses chorégraphies, Guilherme Botelho raconte des histoires. Au travers des corps, de leurs mouvements et de leurs frictions, il montre des vies. Ici, les corps s’entremêlent, s’entrechoquent, se manquent parfois, se distendent. Et pendant le moment suspendu de leur rencontre, ils nous poussent à imaginer l’avant et l’après de cet instant fugace. Si l’on y pense, de quoi d’autre une vie humaine est-elle faite sinon d’une suite de rencontres avec soi, avec l’autre, avec des mots, avec des fantômes…
La force de ce spectacle, c’est aussi son rythme, sa mécanique hypnotique, son jeu de répétitions et de variations qui s’additionnent, et ce vertige d’un mouvement qui ne s’arrête jamais. Le cône de lumière n’est jamais vide. À peine un couple de danseurs a-t-il disparu qu’un autre surgit. Une image du mouvement perpétuel et cyclique de la vie. Mais aussi, comme dans tous les spectacles de la compagnie Alias, une performance physique à la limite de l’épuisement. Et de l’extase.
In C est, à l’origine, une œuvre sonore de Terry Riley. Elle est conçue comme un processus artistique évolutif plutôt que comme une composition musicale figée. Les Young Gods joueront leur version de in C en live pendant la représentation.