La Bâtie Festival à l’Alhambra
La découverte de son flamenco à Genève en 2012 a fiché dans nos mémoires une impatience. Depuis, on trépigne. Depuis, Rocío Molina a investi les places, les musées et les oliveraies de ses chorégraphies, concentrés de tradition et de danse contemporaine marqués par l’impulso. L’impulso, c’est « cette pulsion qu’on interrompt, freine, dont on joue et qu’on travaille comme le pain », dit-elle dans le documentaire qui retrace la création de ce spectacle avec lequel elle nous revient. Ici pas de mention des prix reçus, d’éloges ou de scènes internationales, mais un élan vertigineux vers l’inconnu fait d’improvisations et d’échanges avec des artistes de toutes disciplines. Au terme de ces laboratoires nomades, la más importante bailaora de Malaga engage un dialogue intense avec le oud, la clarinette et les percussions du trio Sabîl. Sur les compositions du magicien Ahmad Al Khatib, les notes s’accordent à toutes les variations du soupir, du silence et du sanglot. Un corps à corps sophistiqué qui nous laisse suspendus au-dessus d’un abîme de libertés.