Bazin
scène double avec Fatou t’as tout fait

Le dimanche à Bamako c’est le jour de mariage / Les bazins et les bogolans sont au rendez-vous chantent les musiciens maliens Amadou et Mariam. C’est sur cette même envie de mélopée, chorégraphique en l’occurrence, que Tidiani N’Diaye évoque ce tissu emblématique de son pays, le Mali. Avec ce dernier, il retrace d’une part sa propre histoire ; celle d’un déplacement du Mali vers la France ainsi qu’une histoire plus vaste liée aux traces de la colonisation ainsi qu’aux géographies de la globalisation. Car si le bazin est teint au Mali, il est dans un premier temps fabriqué dans les usines allemandes ou chinoises avant d’être exporté vers l’Afrique de l’Ouest où il est transformé, magnifié et porté.
Dans Bazin Tidiani N’Diaye donne corps et forme à ce tissu et aux possibles rencontres qu’il génère dans la danse de la réappropriation ; celle qui est pensée comme une allégorie de l’esprit malien, comme le récit d’un détournement et le mariage des multitudes.

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Fatou t’as tout fait
scène double avec Bazin

Fatoumata Bagayoko est chorégraphe et malienne. Dans son solo Fatou t’as tout fait elle danse et prend la parole pour raconter son histoire et celle de nombreuses autres femmes maliennes soumises à la pratique de l’excision. C’est un cri, c’est un rappel ; celui d’une réalité invisible et pourtant toujours contemporaine.
« Dans Fatou t’as tout fait, je traite de l’excision. Je me suis attachée à retranscrire l’événement dont j’ai été témoin plusieurs fois et moi même victime en mon temps. Je porte la souffrance et l’injustice dans mon corps. J’éprouve une rancoeur. Une marque, un manque indélébile et irréversible que je garde en moi, malgré moi et à jamais. Et j’ai voulu revendiquer cette douleur. Porter aux yeux de ma société, de ma famille, de mon pays, mon incompréhension totale et mon désaccord profond face à cette pratique qui n’a pas sa place aujourd’hui. J’ai voulu éveiller des consciences, ouvrir un dialogue, parler de ce tabou et avec espoir, changer les choses ».
Fatoumata Bagayoko

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