Antigel au Point Favre

Convoquer des gestes d’hier pour écrire une danse d’aujourd’hui : tel est le pari réussi de ces deux pièces métissées, qui frappent fort et envoient joyeusement valser les clichés.

C’est à pas cadencés qu’Aina Alegre et Yannick Hugron explorent les danses traditionnelles du Pays basque. Tournant le dos au pittoresque, ils en extraient la substantifique moelle – l’acte de marteler – pour construire une pièce qui piétine malicieusement la virilité. Même rythmique frénétique dans Jinx 103 qui revisite les racines hongroises de ses auteurs et nous emporte dans un fascinant tourbillon de virtuosité. Et si la tradition avait du bon ?

Interprète, chorégraphe et aujourd’hui co-directrice du Centre chorégraphique national de Grenoble, la catalane Aina Alegre n’aime rien tant que « ré-imaginer » le corps et travailler à amplifier ses potentialités. Actuellement lancée dans une série d’Études, elle engage de fertiles conversations avec des personnes et des territoires autour des danses liées au frapper/marteler. Un cycle qui l’amène à cultiver les notions de mémoire et d’hybridation et rend son art plus vivant que jamais.

Partageant les mêmes origines hongroises, les danseurs József Trefeli et Gábor Varga (re)visitent régulièrement leur héritage commun à travers des spectacles foncièrement contemporains tout en étant magnifiquement archaïques. Jinx 103, leur premier opus, a fait le tour du globe depuis sa création en 2011, proposant à chacun de goûter la syntaxe folklorique jusqu’à en éprouver le sortilège. Celui d’un « en-commun » intemporel et universel.