Toujours sur la brèche, en quête – dans sa danse et dans son esthétique – d’une radicale nouveauté, Israel Galván décape ici à vif le chef-d’œuvre du patrimoine ibérique El Amor brujo de Manuel de Falla, qui relate les amours contrariées de la Gitane Candela. Ici, la star du flamenco nous propulse à mille lieues de l’image surannée de la danse folklorique espagnole véhiculée par de nombreuses versions. Endossant le rôle féminin, le chorégraphe est métamorphosé : gants rouges, corset et bottes à talon haut, assis, il danse avec son double un Amour sorcier sauvage, fiévreux. Sans orchestration, se concentrant sur les vibrations des cordes du piano d’Alejandro Rojas-Marcos et la voix rocailleuse du chanteur David Lagos – deux fidèles complices – Galván nous livre un solo magnétique, au cœur duquel se nichent la force et la violence originelles de cet Amor brujo. Essentiel.