Sur une écume de mousse, quatre interprètes cherchent ce qui s’est perdu : odorat, perception des vibrations, des ondes électriques. Dans Earths, Louise Vanneste invite à percevoir des imaginaires en prise avec l’environnement. C’est sensible, infra, empathique. Selon l’ethnologue Charles Stepanoff, ce que l’on nomme voyage mental (pensées, rêves…) représente la moitié de notre vie. Car notre imagination est prospective, vivace, en mouvement constant. Elle permet une connexion empathique et subjective avec ce qui est autre. Louise Vanneste s’est plongée dans des tentatives de relations avec l’infrasensible, avec l’invisible. Les motivations de sa danse sont de plus en plus découplées de la visibilité du geste final. Earths étend sur le plateau une sorte de friche mousseuse, milieu de vie vert et doux : quatre êtres humains se mettent à l’écoute de nos ancêtres, les algues, les racines, les fougères, … Installés en bifrontal, relativement proche du plateau, le public voyage dans la lenteur de ces échanges secrets, pour pouvoir toucher la subtilité du spectacle au plus près. On apprend à reconsidérer certaines fonctions en diminution chez l’humain, telles que l’odorat, la sensibilité aux vibrations ou au passage des courants électriques. La chorégraphe invite à percevoir des imaginaires en prise avec l’environnement. C’est inframince, immersif, énigmatique.

Création 2021 / Charleroi danse (B) / première suisse