Guerrero est une des danseuses de flamenco les plus talentueuses, les plus originales et prometteuses de sa génération. Dans Distopía, Patricia Guerrero joue et met en mouvement des émotions, entre rêve et réalité, vérité et délire, sur fond de flamenco vibrant. Elle explore ici le concept de dystopie, défini par Thomas More, qui désigne une utopie dévoyée. L’artiste s’intéresse à la scène dans un sens négatif, sorte de non-lieu, de manière à montrer une société dont l’idéal ne peut advenir, non sans rappeler ou dénoncer les grandes dérives de l’histoire du XXe siècle. Si tout accomplissement de la société sur le chemin de l’utopie se réalise également dans une forme dystopique, la danseuse évolue tel un personnage à la vie brisée, dans une société apparemment idéale mais où la liberté et l’expression de l’individualité sont impossibles. Qu’importent les carcans ! Le corps de Patricia Guerrero exulte, joue, les pieds légers, comme un clin d’oeil à Pina Bausch, dans un paysage sonore vibrant, tel un animal de scène rugissant.

Représentation à la Salle du Lignon.