Si Merce Cunningham a révolutionné la danse en la dissociant de la musique, la chorégraphe portoricaine DD Dorvillier réussit, elle, une sorte de prouesse artistique : transposer une partition musicale en une œuvre chorégraphique dans un quasi-silence. De la partition originelle du Quatuor N°15 Opus 132 en la mineur de Beethoven, Danza Permanente ne fait entendre aucune note. Quatre danseurs incarnent la structure musicale, le comportement et la rythmique du chef-d’œuvre tardif du compositeur devenu sourd. Chacun des interprètes prend ainsi en charge la partition des deux violons, de l’alto et du violoncelle. Ils se saisissent des cinq mouvements contrastés du quatuor, à la fois instruments et interprètes, donnant à voir une nouvelle abstraction qui suscite d’autres émotions, sensations et pensées. Créée en 2012, la pièce se nimbe de l’environnement sonore conçu par la compositrice Zeena Parkins. Établie en France depuis une dizaine d’années, chercheuse associée au master EXERCE, DD Dorvillier interroge ici avec maestria notre perception des relations entre musique et danse.

Représentations à la Salle des Eaux-Vives