Le quotidien, élégant, raffi né et confortable d’un beau monde est soudainement anéanti par un événement que personne n’avait vu venir. Dans les décombres de ce palais de mémoire, les naufragés de ce drame glissent, ombres à la dérive, jusqu’à ce que le crescendo d’un espoir nouveau les saisisse. En filigrane du titre du spectacle de danse imaginé par Jérémy Tran – Ce qu’il nous reste – il y a d’abord une question : qu’est-ce qu’il nous reste après le traumatisme d’une capitulation, d’une révolution, d’un génocide, d’une diaspora ? Où viendra s’ancrer le drame ? Dans le souvenir d’un paradis perdu religieusement entretenu dans l’exil ou dans les souvenirs disparaissant paisiblement sous la poussière du palais de mémoire ?Le rapport de Jérémy Tran à la danse n’est pas conventionnel. Son regard cinématographique imagine une pièce multiple, décloisonnée. Des corps en mouvement, mais aussi des musiques ouvragées, des images animées, des tableaux vivants, une incursion dans l’inconscient de son public : « N’être que dans la danse ne m’a jamais intéressé. »